Le consortium international NIKA, coordonné par l’
Institut Néel (CNRS/UGA/Grenoble INP), espère ainsi pouvoir explorer les processus de formation d’étoiles aussi bien dans l’univers proche que dans l’univers lointain en étudiant l’émission des poussières interstellaires et l’évolution des amas de galaxies via leur interaction avec la radiation issue du Big Bang.
Une partie importante de la matière de l'univers étant froide, elle n'émet pas de la lumière visible mais majoritairement des infrarouges et des ondes millimétriques, c’est-à-dire à des longueurs d’ondes de l’ordre du millimètre. L’utilisation de télescopes optiques ne permet donc pas d’étudier tous les éléments constitutifs de l’Univers. Des radiotélescopes spécifiques permettent d’observer les ondes millimétriques et notamment d’étudier les objets froids.
Basé sur une nouvelle technologie, des détecteurs supraconducteurs pouvant être maintenus à une température très basse (0.15 Kelvin soit -273C), l’instrument NIKA2 est d’une grande sensibilité. Cette caméra est constituée de nombreux détecteurs formant trois matrices, contenant plusieurs milliers de pixels. Un seul de ces pixels peut distinguer, en une seconde d’utilisation, des puissances de l’ordre de quelques dizaines d’atto-Watts (10-18 W), ce qui permettrait par exemple de mesurer l’émission thermique d'un lapin placé à 1000 kilomètres de distance. C’est la perturbation des propriétés supraconductrices des détecteurs par les ondes millimétriques qui permet aux chercheurs de déterminer combien de « lumière » a été émise par les objets astrophysiques et donc d’obtenir une image de ces objets.
Avec NIKA2, les chercheurs vont pouvoir explorer un vaste éventail de phénomènes. Quatre projets motivent particulièrement le consortium NIKA. Ils concernent à la fois l’étude de l’évolution des amas de galaxies, la réalisation des « cartes » détaillées des galaxies proches ou encore l’étude de la poussière interstellaire et de sa polarisation, pour comprendre la formation des filaments de poussière et de gaz impliqués dans la naissance des étoiles. Cet instrument permettra également d’observer des « champs vides », pour cartographier la formation d’étoiles obscurcies par la poussière et donc habituellement invisibles aux observations du domaine optique. La caméra sera ouverte, pour une période d’au minimum dix ans, à la communauté scientifique mondiale qui sera invitée à proposer d’autres sujets. Les premières observations sont en cours à l’observatoire du Pico Veleta. NIKA 2 montre déjà, à ce stade, des performances qui génèrent de grands espoirs.