Charles Dapogny, enseignant vacataire à l’Ensimag

Découvrez le portrait de Charles Dapogny, chercheur au CNRS et enseignant vacataire à l’Ensimag
Bonjour Charles, quel poste occupez-vous ?

Je suis chercheur en mathématiques appliquées - Chargé de Recherche - au CNRS. Le CNRS est un organisme national ; les membres de sa division consacrée aux mathématiques (l'INSMI) sont affectés à un laboratoire de mathématiques français où ils effectuent leur recherche ; dans mon cas, il s'agit du Laboratoire Jean Kuntzmann de Grenoble, dont font partie beaucoup des enseignants en mathématiques de l'Ensimag.

Vous donnez des cours à l’Ensimag. Comment êtes-vous devenu vacataire d’enseignement ?

Je suis devenu vacataire pour l'Ensimag en Septembre 2015, après avoir intégré le Laboratoire Jean Kuntzmann en Janvier de la même année. Peu après mon arrivée à Grenoble, Emmanuel Maitre, enseignant-chercheur en mathématiques et professeur à l’Ensimag, m'a proposé de participer à l'enseignement en partageant son cours de troisième année, alors intitulé "Level sets, Transport et Applications à l'Image" : il se trouve que mes recherches utilisent une méthode numérique -- la méthode "Level set" -- qu'Emmanuel enseignait dans son cours, et il m'a généreusement donné l'opportunité de prendre en charge les quelques séances de celui-ci qui lui étaient dévolues.

Depuis, Sylvain Meignen (enseignant-chercheur en mathématiques à l'école) m'a proposé d'assurer une session de travaux dirigés de son cours de seconde année "Analyse Fonctionnelle : du Continu au Discret", et Eric Bonnetier (Professeur à l'Institut Fourier) et moi-même avons monté un cours de Master MSIAM intitulé "An introduction to shape and topology optimization", qui a également fait partie du cursus de troisième année de l'Ensimag.

Quel est votre domaine de compétences ?

Mes recherches se situent à l'interface entre mathématiques appliquées, programmation scientifique, et physique.
Plus précisément, mes recherches portent sur des questions d'optimisation de formes : on cherche à minimiser un objectif, dans des problèmes où la variable est une forme...
Ce cadre peut sembler très abstrait, mais il recouvre en réalité beaucoup de questions très concrètes en mécanique et en physique, où l'on souhaite optimiser, par exemple, une structure mécanique (une poutre, un moteur, etc.) au regard de sa rigidité, un tuyau dans lequel circule un fluide au regard de la perte de charge, etc.
Cette discipline a ceci de fascinant qu'elle se situe au confluent des mathématiques (où l'on utilise des algorithmes poussés d'optimisation continue, et des techniques issues du calcul des variations), de la physique (essentielle pour mettre en équations les phénomènes concrets étudiés), et la programmation et le calcul scientifique, qui servent de langage à la résolution effective du problème. Mes compétences sont donc à l'interface de tous ces domaines que je touche du doigt, sans être expert d'aucun !

Quel type d'enseignant pensez-vous être ?

Il faudrait plutôt poser cette question aux élèves (heureux ou malheureux !) qui suivent ou subissent mes cours !
Sans préjuger de leur qualité, je m'investis beaucoup dans les cours que je donne. J'ai eu la chance dans ma scolarité, notamment en école d'ingénieur puis en master, de bénéficier de cours de très haut niveau, dispensés par des enseignants remarquables, qui sont encore aujourd'hui une source d'inspiration intarissable. J'aimerais être de ceux-là... J'essaie de communiquer aux élèves l'intuition des résultats que l'on discute, pour casser l'aspect "magique" des mathématiques, et montrer plutôt combien elles sont concrètes, omniprésentes, essentielles : ce point de vue m'enthousiasme, et j'essaie de la transmettre avec enthousiasme... du moins, je fais ce que je peux pour atteindre cet objectif... mais je ne suis pas juge du résultat !

Que vous apporte l'enseignement ?

Si je ne suis pas capable de mesurer ce que mon enseignement apporte aux étudiants, je pense mesurer beaucoup mieux ce qu'ils m'apportent.
Transmettre des choses auxquelles on a réfléchi de longues années, que l'on pense avoir compris, est quelque chose qui m'apporte beaucoup de bonheur... et parfois quelques sueurs froides et de la remise en question.
Je suis très heureux d'avoir l'opportunité de montrer à de futurs ingénieurs pourquoi les mathématiques sont aussi exaltantes !
L'enseignement nourrit également beaucoup ma recherche et me permet de comprendre beaucoup de choses en profondeur, sur des sujets que je pensais maîtriser bien plus que c'est le cas en réalité. Rien de tel qu'enseigner quelque chose pour le comprendre !

Auriez-vous un conseil à donner aux élèves ?

Je dirais, bien sûr, de se diriger prioritairement vers le domaine qui parle le plus (et tant pis si ce ne sont pas les mathématiques !)... même si cela implique de résister aux sirènes de la mode...
Les élèves de l'Ensimag ont la chance de bénéficier d'une renommée qui leur laisse une grande liberté quant au choix de leur travail futur, et qui leur permet notamment d'aller vers ce qui les passionne. Cela me semble... tout simplement primordial !

Merci Charles !